Les morenistes de Révolution permanente cachent l’escalade de l’OTAN contre Gaza et l’Iran

Révolution Permanente (RP), le site Web des morenistes français liés au Parti des travailleurs socialistes argentin (PTS) et à Left Voice aux USA, couvre l’escalade de la guerre impérialiste au Moyen-Orient. Pour endormir les travailleurs et les jeunes qui manifestent contre la guerre israélienne à Gaza, il présente carrément Washington comme une force pour la paix au Moyen-Orient.

L’article de Julien Anchaing et Wolfgang Mandelbaum, intitulé «Palestine: Washington couvre le massacre à Gaza tout en cherchant à éviter l’embrasement régional», travestit la réalité. Selon eux, la politique américaine sur la guerre contre Gaza est déterminée par «le besoin de freiner tout risque d’embrasement de la région, notamment du côté du Liban et de l’Iran, alors que les intérêts stratégiques vitaux de Washington se situent désormais dans l’Indo-Pacifique.»

[AP Photo/U.S. Navy via AP]

Cette analyse complaisante et fausse masque le problème posé aux travailleurs en France et dans le monde: une escalade massive de la guerre impérialiste, à l’échelle mondiale, est imminente. Les travailleurs et les jeunes doivent construire un mouvement international contre la Troisième Guerre mondiale, lancée par Washington et ses alliés de l’OTAN, dont Paris. Ils ne peuvent construire un tel mouvement qu’en se mobilisant à l’échelle internationale, indépendamment des bureaucraties syndicales auxquelles le RP est orienté, et qui négocient avec Macron.

Washington bombarde les forces iraniennes en Syrie et menace le Hezbollah, mais RP prétend que Biden s’oppose secrètement à l’agression israélienne contre Gaza, de peur d’impliquer le Hezbollah et l’Iran dans le conflit. Ils affirment: «Biden cherche à tout prix à tempérer l’offensive israélienne, à la recherche d’un accord ou d’une discussion». 

Israël n’a pas immédiatement envahi Gaza après le soulèvement des 6-7 octobre, selon eux, par crainte «que la situation à Gaza déclenche un embrasement de toute la région, notamment dans le cas d’un engagement complet du Hezbollah, soutenu par l’Iran, dans le conflit. … Si les relations entre l’Iran et les États-Unis sont exécrables depuis des décennies, la priorité actuelle de Washington est d’éviter l’ouverture d’un front iranien, alors que les ressources militaires des États-Unis sont déployées vers l’Ukraine, dans un objectif d’affaiblissement de la Russie».

En réalité, Biden ne veut pas la paix, mais la guerre. Le 13 octobre, le Huffington Post a analysé un mémorandum distribué aux diplomates américains au Moyen-Orient. Il leur disait de s’abstenir d’utiliser les termes «désescalade/cessez-le-feu», «fin de la violence/effusion de sang» et «rétablissement du calme» dans les communiqués de presse.

De retour du Moyen-Orient, Joe Biden a exigé 105 milliards de dollars pour armer Israël et l’Ukraine. Mercredi, il a confirmé qu’il n’avait «pas demandé» à Israël de retarder une invasion de Gaza, bien que l’Iran et le Hezbollah aient prévenu qu’ils se verraient obligés d’intervenir militairement pour tenter d’arrêter un génocide, si une invasion commençait. Vendredi, Washington a bombardé des bases militaires en Syrie, affirmant qu’elles servaient aux Gardiens de la révolution iraniens. 

[Photo: US Department of Defense/ Army Sgt. Julio Hernandez]

Le soutien des puissances impérialistes de l’OTAN à Israël après son bombardement de l’hôpital Al-Ahli est un avertissement: aucun crime contre l’humanité commis par le régime israélien ne sera trop horrible pour que l’OTAN le soutienne.

Ignorant les préparatifs d’une escalade militaire majeure, Achaing et Mandelbaum prétendent par contre que le désir de paix de Washington découle de l’attention qu’il porte à la Chine:

En dernière instance, ce ne sont ni sur l’Ukraine ni sur le Moyen-Orient que les États-Unis veulent se concentrer. La stratégie de Washington est de recentrer toutes ses ressources diplomatiques et militaires dans son conflit avec son principal adversaire, la Chine. … 
Il est ainsi vital pour Biden, tout comme pour les intérêts géopolitiques des États-Unis au sens large, que le Proche-Orient ne s’embrase pas et ne « contraigne » les États-Unis à se réengager dans une région dans laquelle ils s’étaient jurés de ne plus remettre les pieds après leur revers en Afghanistan.

Chacune de ces affirmations est fausses. Les USA ne reviennent pas au Moyen-Orient: ils ne l’ont jamais quitté. 2.500 soldats américains se trouvaient en Irak et 900 en Syrie avant le soulèvement palestinien du 7 octobre. Washington a des bases en Turquie, en Égypte, au Koweït et au Pakistan. En envoyant des porte-avions, des défenses antimissiles et 11.000 soldats supplémentaires dans la région, Washington se prépare à une escalade massive non seulement contre la population civile de Gaza, mais surtout contre les principales puissances régionales, surtout l’Iran.

L’impérialisme américain ne s’est pas mué en force pour la paix au Moyen-Orient ou en Europe parce qu’il tente d’affirmer son hégémonie mondiale contre la Chine. Isoler l’Iran de la Chine, qui a signé une alliance militaire avec l’Iran, est en fait un objectif clé de la politique des États-Unis et de l’OTAN. Et si Washington déclenche une guerre avec l’Iran, cela pourrait également conduire à une guerre avec la Chine. 

Les mensonges proimpérialistes du RP reflètent les intérêts matériels de couches sociales aisées et d’étudiants liés à la bureaucratie syndicale ou à sa périphérie universitaire. Jusqu’en 2021, RP était une fraction au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pabliste. RP s’oriente en particulier vers la bureaucratie stalinienne de la CGT, qui, selon lui, pourrait adopter une orientation «révolutionnaire», alors que les bureaucraties syndicales françaises ont étranglé la mobilisation de masse contre la réforme des retraites de Macron au printemps.

Depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991, le fossé de classe infranchissable qui sépare le RP du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), la direction du mouvement trotskiste mondial, est devenu évident. Au début de cette période, les bureaucrates de la CGT, alliés à la bureaucratie soviétique contre-révolutionnaire pendant la Guerre froide, n’applaudissaient pas ouvertement l’impérialisme. Ils se donnaient pour des amis de l’Union soviétique, qui avait joué le rôle central dans la défaite du nazisme pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Mais depuis 1991, les travailleurs ont massivement déserté les syndicats, dont les appareils sont devenus de plus en plus dépendants des financements patronaux, et les partis politiques de pseudo gauche ont embrassé l’impérialisme. Le NPA a soutenu les guerres que l’OTAN a lancées en 2011 en Libye, et en Syrie en tant qu’une prétendue «révolution démocratique». Le NPA et le RP ont tous deux approuvé la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine.

La CIQI et sa section française, le Parti de l’égalité socialiste (PES), ont été les seuls à critiquer dès le départ ce soutien du NPA et du RP à l’impérialisme. Cette démarche se fonde sur une perspective trotskiste: la dissolution stalinienne de l’Union soviétique, contre laquelle Trotsky avait mis en garde, n’a pas résolu la crise mortelle du capitalisme. Le PES maintient une opposition irréconciliable à l’impérialisme qui cherche toujours à reconquérir la Russie, la Chine, l’Iran, qui ont échappé à son contrôle politique direct au cours de luttes révolutionnaires du 20ème siècle.

Le PES appelle les travailleurs et les jeunes à s’opposer à l’assaut israélien sur Gaza, soutenu par l’OTAN, et à une guerre plus large de l’OTAN contre l’Iran. Ils doivent arrêter l’éclatement déjà en cours d’une Troisième Guerre mondiale. Mais les travailleurs et les jeunes ne peuvent pas attendre que les bureaucraties syndicales ou les groupes petit-bourgeois comme le RP organisent une telle lutte, ce qu’ils ne feront pas. Les opposants à la guerre doivent se mobiliser de manière indépendante et alerter le plus largement possible la classe ouvrière sur les dangers posées par cette guerre.

La construction d’un mouvement antiguerre international parmi les manifestations de masse qui éclatent en Amérique, en Europe et au Moyen-Orient exige de s’opposer consciemment à la complaisance proimpérialiste du RP. Son nom fait cyniquement référence à la théorie de la révolution permanente de Trotsky, mais le RP travaille avec les bureaucraties syndicales nationales françaises non pas pour construire, mais pour bloquer une révolution socialiste. L’opposition trotskyste qu’il faut construire à sa politique de pseudo-gauche est le PES.

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