Quelle voie suivre pour lutter contre le gouvernement Macron-Attal?

Depuis que le Macron a nommé Gabriel Attal à la tête d'un nouveau gouvernement, la classe ouvrière entre à nouveau en lutte. La récente grève des enseignants et les appels à des grèves des transports sont les premières secousses présageant une éruption plus large de la lutte des classes en France et à l'international. Ils se déroulent au milieu d'une mobilisation internationale contre le génocide israélien à Gaza, soutenu par Macron et d'autres dirigeants de l'OTAN.

La colère ouvrière monte face à un effondrement historique du pouvoir d’achat. L'oligarchie capitaliste européenne envoie des billions d'euros dans les sauvetages bancaires et les budgets militaires, prétextant la guerre OTAN-Russie en Ukraine. Les milliardaires de France augmentent leur patrimoine de centaines de milliards, mais les salaires stagnent et les prix alimentaires ont augmenté de 20 pour cent et l'énergie de 30 pour cent depuis 2021.

Cette situation révolutionnaire objective pose des questions urgentes de perspective. Les travailleurs ne font pas face à des luttes syndicales qui peuvent être menées dans un cadre national, mais à une lutte politique internationale contre la plongée du capitalisme dans la guerre et la réaction fascisante. La question décisive est la construction d'une direction révolutionnaire internationale luttant contre le capitalisme, pour amener la classe ouvrière au pouvoir et construire le socialisme.

Sans un tel leadership, même le mouvement le plus militant n’inversera pas l'assaut contre la classe ouvrière. La France a vu près d'une décennie de luttes explosives: contre la Loi travail du PS en 2016, les «gilets jaunes» de 2018-2019, contre les ordres de retour au travail de Macron au plus fort de la pandémie de COVID-19. En 2023 les plus grandes grèves de masse en France depuis 1936 et 1968 opt éclaté contre le recours de Macron au 49.3 pour imposer sa réforme des retraites largement impopulaire sans vote parlementaire.

Pourtant, l'explosion d'en bas n'a pas arrêté le cours réactionnaire de l'élite dirigeante, qui a répondu en se déplaçant non pas vers la gauche, mais vers la droite. On le voit dans l'installation d'Attal par Macron, qui vise à poursuivre des politiques de guerre et de réaction fascisante semblables à celles du Rassemblement National (RN) néo-fasciste de Marine Le Pen.

En décembre, le parti de Macron a voté une loi anti-immigration répudiant le droit du sol et menaçant l'accès des non-citoyens aux soins médicaux, ceque Le Pen a traiteé de «victoire idéologique» pour l'extrême droite. Attal, arrivé en fonction, a promis d’attaquer l'assurance-chômage et le SMIC. Il veut aussi renforcer les forces de l’ordre, et interdire les vêtements musulmans et imposer une éducation «patriotique» dans les écoles.

Enfin, alors que l’armée britannique exige que les Britanniques se préparent au service militaire pour mener une guerre totale contre la Russie, Attal veut imposer aux jeunes un Service National Universel (SNU) obligatoire, coordonné par l'armée française.

Le personnel politique de la bourgeoisie annonce ouvertement que le nouveau gouvernement vise à implanter le néo-fascisme au centre de la vie publique. La nomination d'Attal, Le Monde a écrit, « met fin à l'espoir de marginaliser le RN ... Au contraire, cela signale une décision de ‘défier’ Le Pen non pas sur des principes moraux devenus inopérants, mais sur sa capacité à apporter une solution sérieuse aux problèmes auxquels elle pointe. »

Pourquoi le journal de référence de la bourgeoisie française dit-il que les objections de principe à l'héritage du fascisme sont «inopérantes»? Cela reflète la politique génocidaire de l'impérialisme aujourd'hui. La défense historique par le néo-fascisme de la Shoah, de la guerre nazie contre l'URSS et de la collaboration française avec le nazisme est essentielle à une classe dirigeante qui soutient le génocide à Gaza, une nouvelle guerre mondiale visant la Russie et la réaction fascisante en France.

Il existe une large opposition au gouvernement Macron-Attal: après moins d'un mois au pouvoir, Attal a chuté à 32 pour cent dans les sondages. Mais il n'y a pas de salut pour les travailleurs dans un cadre électoral-parlementaire. L'alternative électorale que préparent la classe dirigeante, les principaux médias bourgeois et l'establishment politique est Le Pen, qui exploite les griefs sociaux et le racisme anti-musulman tout en profitant de l'orientation néo-fasciste de toute la bourgeoisie.

Il faut une nouvelle direction révolutionnaire ouvrière. L'évolution de Macron révèle la faillite de partis basées sur les traditions du Front Populaire, qui cherchent donc des alliances avec la bourgeoisie libérale. Cela inclut les staliniens et le social-démocrates, mais aussi les descendants petit-bourgeois de renégats du trotskysme qui ont fait scission avec le Comité International de la IVe Internationale (CIQI) pour s'allier aux bureaucraties staliniennes ou sociale-démocrates.

La fondation d’une telle direction révolutionnaire est la défense par le CIQI des traditions de la révolution d'Octobre et du trotskysme. On le voit dans le rôle de la bureaucratie syndicale et de ses alliés politiques dans la lutte sur les retraites en 2023. Alors que les grèves et les manifestations se multipliaient sur plusieurs mois, et surtout après le recours de Macron au 49.3, ces parties ont pris peur des événements et ont évolué à droite.

Les deux tiers-des Français voulaient bloquer l'économie et faire chuter Macron par la grève générale, mais les directions syndicales de la CFDT et de la CGT ont averti du danger inacceptable de violence et appelé à mettre fin au mouvement. Alors que les forces de l’ordre matraquaient les grévistes et les jeunes, ces bureaucraties ont oeuvré à démobiliser l’opposition et finalement ont appelé à mettre fin aux grèves contre Macron. Ainsi Macron a pu imposer sa réforme malgré l’opposition d’une écrasante majorité des Français.

Jean-Luc Mélenchon de LFI avait reçu 8 millions de voix aux présidentielles de 2022. Mais LFI n'a fait aucun appel pour mobiliser ses électeurs afin de préparer la grève générale voulue par le peuple. Comme d'autres partis de pseudo-gauche—le Nouveau Parti Anticapitaliste pabliste, les morénistes de Révolution permanente et le Parti Ouvrier Indépendant Démocratique lambertiste—il a estimé que la situation n'était pas révolutionnaire. Ce milieu s'est limité à des appels à négocier avec Macron, ou à des appels aux chefs syndicaux pour poursuivre une politique plus militante.

Seul le Parti de l'égalité socialiste (PES), section française du CIQI, a lutté pour impulser un mouvement politique contre Macron. Il a appelé les travailleurs et les jeunes à voter des résolutions dans leurs lieux de travail ou leurs classes appelant à faire chuter Macron, expliquant que c'était une première étape nécessaire dans une lutte pour le pouvoir ouvrier et le socialisme. L'adoption de politiques néo-fascistes par Macron et ses déclarations d'amitié avec le régime sioniste lors du génocide à Gaza ont donné raison au PES.

Les travailleurs savent à présent que Macron gouverne contre le peuple. Néanmoins, un fossé sépare encore la situation objectivement révolutionnaire de la conscience politique des larges masses de travailleurs. Cela est lié à la domination sur les luttes ouvrières qu’exercent des bureaucraties syndicales nationales et les partis de pseudo-gauches des classes moyennes aisées, qui cherchent à couper les travailleurs en lutte de leurs frères et sœurs de classe à l'international afin de les lier à l'État-nation capitaliste.

La tâche essentielle, en France et à l'international, reste la lutte pour une conscience révolutionnaire marxiste parmi les travailleurs. La voie à suivre est de saturer les travailleurs de la conscience de la nécessité de l'unification internationale des luttes ouvrières en une lutte pour le pouvoir et pour la mise en œuvre de politiques socialistes. Cela nécessite de bâtir le PES en France et les sections du CIQI dans les pays du monde entier.

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