Les leaders du rassemblement de Londres lancent un appel sans objet à Sunak et Starmer pour qu’ils arrêtent de soutenir le génocide israélien

La première manifestation nationale à Londres contre le génocide à Gaza depuis que Rishi Sunak a convoqué les élections générales du 4 juillet a eu lieu samedi 8 juin. Environ 175.000 personnes y ont participé.

Depuis le début de la guerre d’anéantissement des Palestiniens par Israël, plus de 4 millions de personnes sont descendues dans la rue à Londres. Les dernières manifestations de masse, auxquelles ont participé de nombreux jeunes, montrent l’opposition durable et généralisée au massacre et à son soutien par le gouvernement conservateur et par le Parti travailliste d’opposition.

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Cette position déterminée de la part des travailleurs et des jeunes se heurte à la coalition «Stop the War» et à la Palestine Solidarity Campaign, qui l’enferment dans une impasse en appelant à faire pression sur les conservateurs et, surtout, sur le parti travailliste de Sir Keir Starmer, apologiste en chef du génocide, comme seul moyen d’arrêter le génocide.

Les dirigeants des manifestations ont cherché à empêcher toute compréhension plus large de la guerre contre les Palestiniens en omettant de dire que les puissances mêmes qui soutiennent Israël à bout de bras soutiennent également l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Aucune tentative ne n’est faite pour établir un lien entre le génocide à Gaza et la guerre soutenue par l’OTAN contre la Russie en Ukraine, qui a entraîné la mort de centaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes, soldats et civils, ces deux dernières années. Samedi encore, les mots «Ukraine», «Russie» et «OTAN» n’ont pas franchi les lèvres des orateurs de la plate-forme.

La politique pourrie de la Stop the War Coalition a été articulée par son organisateur Lindsey German, présenté à la manifestation comme le «leader du mouvement anti-guerre britannique».

Lindsey German parle au rassemblement de Londres, le 8 juin 2024

Selon German, il fallait tout mettre en œuvre pour convaincre les conservateurs de Rishi Sunak qu’il n’était jamais trop tard, même au milieu d’une campagne électorale d’un mois, pour rectifier leur politique. «Nous avons une bataille à mener ici en Grande-Bretagne pour empêcher notre gouvernement de soutenir Israël. Nous devons nous battre pour qu’il cesse d’armer Israël. Nous devons nous battre pour qu’il reconnaisse l’opinion de la majorité, car seuls 8 pour cent des citoyens de ce pays sont d’accord avec ce que fait Israël.

«Nous sommes en pleine période électorale. Dans cette élection, le slogan doit être “Pas de cessez-le-feu, pas de vote”. Si Rishi Sunak et Keir Starmer pensent qu’ils peuvent soutenir un génocide et obtenir les votes des travailleurs ordinaires, ils se trompent lourdement».

«Je veux me débarrasser des conservateurs autant que n’importe qui, mais nous n’allons pas donner un laissez-passer aux travaillistes… Nous nous battons donc pour cette élection, nous soutenons un grand nombre de candidats [favorables au cessez-le-feu] qui ont manifesté aujourd’hui. Nous soutenons Jeremy Corbyn à Islington North, qui a défilé aujourd’hui ».

Corbyn a été exclu par Starmer du groupe parlementaire travailliste il y a plus de quatre ans, ce qui l’a contraint à se présenter en tant qu’indépendant pour la première fois dans son siège londonien depuis 1983. Depuis près de huit mois, il s’exprime régulièrement sur les tribunes des manifestations nationales à Londres, tout en évitant soigneusement de mentionner le nom de Starmer.

Samedi, après avoir été exclu complètement du Parti travailliste pour avoir annoncé qu’il défendrait son siège en tant qu’indépendant, et libre de dénoncer Starmer sans aucune répercussion, Corbyn s’est absenté de la scène.

Les cinq années qu’il a passées à la tête du parti ont été marquées par une capitulation constante face à la droite Blairiste, qui s’est achevée par la cession du parti à Starmer. Sa loyauté politique envers la bureaucratie travailliste et syndicale exclut toute attaque contre Starmer et le Parti travailliste, même en tant que candidat indépendant. Sur cette base, il a entièrement axé sa campagne électorale sur des questions locales d’Islington North, n’accordant aucune importance à Gaza, si ce n’est des références symboliques à la lutte pour «la paix et la justice».

Aucun des rares députés travaillistes ayant parlé contre le génocide aux précédents rassemblements de Londres, comme Zarah Sultana, Apsana Begum ou Bell Ribeiro-Addy, n’était à la tribune. Les figures de proue du Groupe de campagne socialiste des députés travaillistes – son président Richard Burgon et l’ex-ministre des Finances fantôme de Corbyn, John McDonnell, ainsi que l’ex-ministre de l’Intérieur fantôme Diane Abbott – avaient déjà disparu, n’ayant pas pris la parole lors d’un rassemblement national contre le génocide depuis des mois. Tous sont occupés à faire campagne pour un gouvernement travailliste qui continuera à soutenir Israël, la guerre de l’OTAN contre la Russie et tout ce que l’élite dirigeante exige encore.

Parlant au nom d’un autre coorganisateur, Friends of Al-Aqsa, Ismaïl Patel a déclaré: «Si nous voulons arrêter le génocide, c’est notre devoir moral et éthique d’accorder la priorité à la Palestine aux prochaines élections générales. Nous devons nous assurer que le pouvoir ne soit pas remis aux bellicistes». Mais tout ce que cela signifiait en pratique, c’était travailler pour avoir «de nouveaux députés qui soutiennent la fin du génocide et une Palestine libre». «Engageons-nous et travaillons dur pour le prochain Parlement, et soyons la voix du peuple, avant que les entreprises et les lobbyistes ne prennent le dessus et ne poursuivent le génocide».

En conclusion du rassemblement, Ben Jamal a déclaré que la Campagne de solidarité avec la Palestine était sur le point de «lancer un outil permettant à chacun d’entre vous d’envoyer six demandes claires à chaque candidat au Parlement. Nous publierons leurs réponses».

Les syndicats n’ont rien fait pour mobiliser leurs membres, soit environ 6 millions de travailleurs, en faveur de Gaza. Dave Ward, du Syndicat des travailleurs de la communication CWU, est monté sur scène pour suggérer poliment aux dirigeants syndicaux de redoubler d’efforts! «Aujourd’hui, je veux que nous participions à la construction du Bloc syndical [constitué de quelques dizaines de responsables syndicaux locaux provenant principalement d’unions locales à direction composée de membres de la pseudo-gauche] qui se rendra à ces rassemblements. Nous nous y engageons. Nous ferons plus – nous pouvons faire plus – et le bloc syndical est prêt».

Dave Ward, leader du CWU, s'exprimant lors du rassemblement de Londres, le 8 juin 2024.

L’essentiel du discours de Ward consistait à dire à tout le monde que Keir Starmer (‘‘je suis sioniste sans réserve’’) pouvait être contraint – en tant qu’ami potentiel de la classe ouvrière au gouvernement – d’arrêter de soutenir la politique génocidaire d’Israël.

«Nous savons que ce gouvernement n’est pas favorable à ce que nous défendons, mais il y a un Parti travailliste qui va être élu. Et le Parti travailliste doit dire… lors de cette élection qu’il croit en un État indépendant et libre en Palestine dans le cadre d’une solution à deux États».

Le CWU et Ward ont joué un rôle majeur dans le maintien au pouvoir d’un gouvernement conservateur détesté, ayant trahi une grève nationale des travailleurs postaux qui faisait partie d’une vague de grèves englobant 2 millions de travailleurs en 2022-2023. Le CWU est l’un des 11 syndicats affiliés au Parti travailliste ; il verse des dons substantiels à Starmer et vient de signer son manifeste pro-guerre pour les élections générales à l’intention de la grande entreprise, qui sera publié la semaine prochaine.

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Le WSWS s’est entretenu avec certains des participants à la manifestation de samedi.

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(Article paru en anglais le 10 juin 2024)

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