Intensification de la guerre mondiale par les puissances impérialistes aux sommets du G7 et des ministres de la Défense de l’OTAN

L’axe des puissances impérialistes dirigé par les États-Unis a conclu vendredi 14 juin une semaine de sommets chargée qui comprenait celui du G7, une réunion des ministres de la Défense de l’OTAN et le Groupe de contact sur l’Ukraine. Tous ont eu pour effet d’intensifier considérablement la guerre mondiale que l’axe mène contre la Russie et la Chine.

Le président Joe Biden et le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy se serrent la main après avoir signé un accord de sécurité en marge du G7, le jeudi 13 juin 2024, à Savelletri, en Italie [AP Photo/Alex Brandon]

Ces sommets ont préparé le terrain pour le prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Washington du 9 au 11 juillet. Ce dernier devrait voir une escalade qualitative du degré d’engagement direct de l’OTAN dans la guerre menée contre la Russie en Ukraine.

Le plus médiatisé des sommets de la semaine dernière a été la réunion du G7, au cours de laquelle les dirigeants des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, du Japon et du Royaume-Uni se sont rencontrés en Italie, sous les auspices de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, adepte de Benito Mussolini, qui a publiquement fait l’éloge du dictateur fasciste, le qualifiant de «bon politicien».

Le sommet s’est orienté vers une saisie directe des avoirs russes dans le monde entier ; il a promis à l’Ukraine pour l’effort de guerre 50 milliards de dollars provenant des intérêts sur les avoirs russes saisis. «Afin de faire face aux besoins actuels et futurs de l’Ukraine pour assurer une défense prolongée face à la Russie», déclare le communiqué, «le G7 lancera des Prêts par une accélération de l’utilisation des recettes extraordinaires au profit de l’Ukraine, pour mettre à la disposition de l’Ukraine environ 50 milliards de dollars de financement supplémentaire d’ici la fin de l’année».

Au sommet du G7, le président américain Joe Biden et le président Zelensky ont également signé un accord de défense sur dix ans qui renforce encore l’engagement des États-Unis dans la guerre contre la Russie. Annonçant l’accord, Joe Biden a déclaré qu’il s’agissait d’un «nouveau rappel à Poutine: nous ne reculerons pas».

Dans le même ordre d’idées, le communiqué du sommet du G7 déclare que l’Ukraine « défend sa liberté, sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale contre la guerre d’agression brutale et injustifiable menée par la Russie».

Le G7 a surtout condamné de la manière la plus explicite à ce jour les liens économiques entre la Chine et la Russie, accusant le gouvernement chinois de fournir un soutien matériel à la machine de guerre russe et l’accusant « d’aider la Russie à se procurer des produits ou des équipements pour sa base industrielle de défense». Son communiqué déclare: « Nous exprimons notre vive préoccupation face au soutien apporté à la Russie par la République populaire de Chine».

Le G7 a également approuvé de fait le génocide israélien à Gaza, qui a tué plus de 40.000 Palestiniens depuis octobre 2023, en déclarant: «Nous exprimons notre entière solidarité et notre soutien à Israël et à son peuple et réaffirmons notre engagement inébranlable en faveur de sa sécurité».

Le jour même de la publication de ce communiqué, l’OTAN a conclu une réunion de ses ministres de la Défense afin de préparer le prochain sommet de l’OTAN à Washington.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que l’alliance avait fait des «progrès significatifs» dans l’élargissement de sa participation à la guerre en Ukraine et dans le réarmement militaire visant la Russie.

Il a déclaré que le principal objectif du sommet du mois prochain était de faire en sorte que l’OTAN joue un rôle de premier plan dans l’armement et la coordination des flux d’armes vers l’Ukraine, par opposition à des accords ad hoc entre différents membres de l’OTAN et l’Ukraine.

«Nous nous sommes mis d’accord sur un plan qui définit la manière dont l’OTAN dirigera la coordination de l’assistance et de la formation en matière de sécurité», a déclaré Stoltenberg. «L’OTAN supervisera la formation des forces armées ukrainiennes dans les centres de formation des pays alliés, soutiendra l’Ukraine en planifiant et en coordonnant les dons, gérera le transfert et la réparation des équipements et apportera son soutien au développement à long terme des forces armées ukrainiennes ».

Stoltenberg, pratiquant le grand mensonge, a réaffirmé le point central de ses propositions en le niant catégoriquement. «Ces efforts ne font pas de l’OTAN une partie du conflit», a-t-il déclaré.

C’est exactement le contraire qui est le cas. En fait, la question centrale de ces changements est de faire de l’OTAN une partie de plus en plus directe du conflit, jouant le rôle principal dans la coordination de la logistique, de la planification, de l’entraînement et du commandement-et-contrôle.

Ces sommets faisaient suite à l’annonce par Biden début juin que les États-Unis avaient autorisé l’Ukraine à utiliser des armes longue portée fournies par les États-Unis pour frapper directement le territoire russe, et aux mesures officielles du gouvernement français pour créer une «coalition» de pays qui enverront en Ukraine des troupes au sol.

Alors même que l’OTAN accroît sa participation directe à la guerre en Ukraine, elle prépare activement une guerre beaucoup plus large avec la Russie, qui s’étendrait à l’ensemble du continent européen. Au sommet de l’OTAN l’année dernière, Stoltenberg avait déclaré que ses membres s’étaient « mis d’accord sur les plans de défense les plus complets depuis la Guerre froide».

Ces plans sont en train d’être mis en place. Stoltenberg a déclaré: «Les Alliés mettent des forces à la disposition de l’OTAN à une échelle jamais vue depuis des décennies. Aujourd’hui, nous disposons de 500.000 soldats à un niveau de préparation élevé dans tous les domaines, ce qui est nettement supérieur à l’objectif fixé lors du sommet de Madrid en 2022».

Il a ajouté: «L’OTAN a également doublé le nombre de groupements tactiques sur le flanc oriental. Les Alliés participent également à des exercices plus importants et plus exigeants pour tester nos capacités. Cette année, l’exercice ‘Steadfast Defender’ a rassemblé quelque 90.000 soldats à travers l’Europe ».

Plus inquiétant encore, Stoltenberg a déclaré: «Nous avons également discuté de l’adaptation en cours de nos capacités nucléaires. Nous sommes une alliance nucléaire ».

Cette déclaration intervenait au moment où le New York Times rapportait que les États-Unis, en plus d’un programme de plusieurs milliers de milliards de dollars visant à moderniser leur arsenal nucléaire existant, faisaient des plans pour augmenter le nombre total d’armes nucléaires qu’ils déploient.

Le rythme du réarmement militaire de l’OTAN est stupéfiant. Un récent rapport du groupe de réflexion Atlantic Council notait: «L’OTAN a pris des mesures pour doubler la taille des quatre groupes de combat établis en 2017 sur le flanc oriental, et en a ajouté quatre autres, assortis de cinq missions de police aérienne. Les États-Unis ont ajouté une brigade supplémentaire d’équipements prépositionnés en Europe, basé à l’avant deux escadrons supplémentaires de F-35 en Europe, et augmenté leur présence sur le flanc est de la taille d’une brigade à celle d’une division, augmentée d’un quartier général avancé de corps d’armée avec des facilitateurs».

Les sommets de la semaine dernière venaient à la suite de la réunion mensuelle du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, présidée par le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin.

Austin s’y est vanté de «pertes stupéfiantes infligées aux envahisseurs russes» par l’Ukraine et ses soutiens. Il a déclaré que «depuis l’invasion à grande échelle de Poutine en février 2022, au moins 350.000 soldats russes ont été tués ou blessés. Les forces ukrainiennes ont coulé, détruit ou endommagé 24 navires russes en mer Noire. Et depuis septembre de l’année dernière, juste avant que le Kremlin ne lance sa nouvelle offensive, la Russie a perdu plus de 2.600 véhicules de combat sur les lignes de front en Ukraine».

Malgré cette exaltation des pertes russes présumées par les responsables américains, la situation militaire de l’Ukraine est désastreuse. Le pays est confronté à une crise majeure de la conscription suite à la mort de centaines de milliers de soldats sur la ligne de front et d’une opposition populaire croissante au gouvernement dictatorial de Zelensky et à la guerre menée par l’OTAN jusqu’au dernier Ukrainien. Ce désastre militaire forme le contexte des mesures prises par les États-Unis et l’OTAN pour étendre leur propre participation à une guerre qui menace d’échapper rapidement à tout contrôle et d’engloutir non seulement toute l’Europe, mais le monde entier.

(Article paru en anglais le 15 juin 2024)

Loading