Le NPA rejoint le Nouveau Front Populaire, soutien de la guerre contre la Russie

En rejoignant le «Nouveau Front Populaire» formé par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le PS suite à l’annonce par Macron d’élections anticipées le 7 juillet, le NPA pabliste s’est à nouveau révélé être un instrument de l’impérialisme. Il souhaite entraîner les travailleurs dans le piège politique de Mélenchon et Hollande qui cherchent à intensifier la guerre contre la Russie et la guerre de classe à l’intérieur.

Le dirigeant du parti La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, à droite, et le dirigeant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Philippe Poutou assistent à une marche contre les réformes du gouvernement du président français Emmanuel Macron à Marseille, samedi 14 avril 2018. (AP Photo/Claude Paris) [AP Photo]

Pour légitimer cette politique, le NPA s’appuie sur la possibilité d’une arrivée au pouvoir des néofascistes. Le RN jouit d’un soutien profond dans la classe dirigeante, surtout dans les fractions des LR dirigées par Eric Ciotti. Le NPA déclare:

À l’heure où le RN et ses alliés sont en position de prendre le pouvoir, le Front Populaire porte un espoir pour la gauche sociale et politique, contre les réformes libérales, pour les luttes antiracistes, environnementales, féministes, LGBTI, pour tous les mouvements pour l’égalité des droits. …

La victoire contre l’extrême droite et Macron n’est possible qu’à la condition d’une large mobilisation de la population, notamment dans les entreprises, les quartiers populaires et la jeunesse. Le mouvement syndical, les luttes environnementales, le mouvement féministe, le mouvement en solidarité avec la Palestine, les luttes décoloniales et antiracistes, doivent nourrir en profondeur le programme du Front Populaire. Ils doivent en constituer la force vive.

Mais le Nouveau Front Populaire n’est pas le grand espoir pour la gauche. En le rejoignant, Le NPA participe à la réorganisation droitière de l'establishment politique que Macron veut mettre en œuvre par le biais des élections anticipées. Macron les a lancées peu après la décision du premier ministre britannique Rishi Sunak de lancer des élections anticipées le 4 juillet, pour préparer la guerre avec la Russie et la guerre de classe à l’intérieur.

La question de la guerre contre la Russie dicte le calendrier des élections anticipées voulu par Macron tout cela est aussi le cas au Royaume-Uni. Ces élections se finiront juste avant le sommet de l’Otan le 9 juillet à Washington pour planifier l’intervention de l’Otan dans la guerre en Ukraine contre la Russie.

L’argument du NPA selon lequel le Nouveau Front Populaire serait nourri de luttes anticoloniales est un mensonge politique. C’est une alliance réactionnaire avec des forces comme Hollande, un ex-président PS et ennemi ouvert des travailleurs qui a violemment réprimé les mobilisations sociales tout en menant des guerres néocoloniales de la Syrie jusqu’au Mali. Le Nouveau Front Populaire appelle à renforcer la gendarmerie et le renseignement et aussi à envoyer en Ukraine des troupes maquillées en «casques bleus».

Le Nouveau Front Populaire n’est pas le Front Populaire de 1934-1938. Le Front populaire du 20e siècle n’était pas non plus une force anticoloniale. C’était une alliance de partis stalinien et social-démocrate avec le parti Radical bourgeois. Le prix de l’alliance avec le Parti radical était non seulement de renoncer à la révolution socialiste, mais aussi de défendre l’empire colonial français, qui allait à l’époque de l’Indochine jusqu’en Syrie et en Algérie. Le Front populaire était toutefois à gauche du Nouveau Front populaire.

Le Nouveau Front Populaire ne réunit aucun parti ouvrier de masse ni n’a la prétention de proposé des réformes sociales majeures comme en 1936, la journée de 8 heures où encore les congés payés. Cette alliance entre le PS et LFI que rejoint le NPA est une alliance pro-guerre et réactionnaire qui au pouvoir tenterait d’imposer un effondrement du niveau de vie des travailleurs pour mener une guerre de haute intensité avec la Russie.

Dans les années 1930, le mouvement trotskyste pouvait entrer dans la base ouvrière de masse de la social-démocratie française pour mener un travail politique attaquant ouvertement l’impérialisme, le colonialisme et le capitalisme.

Mais la décision du NPA de rejoindre le Nouveau Front Populaire aujourd’hui témoigne de sa violente hostilité envers le trotskysme. Il rejoint une alliance avec le PS, un parti de la bourgeoisie impérialiste fondé en 1971 et qui est depuis lors un des principaux partis de gouvernement du capitalisme français.

Le candidat PS aux européennes, Glucksman a nié le génocide à Gaza et s’est prononcé en faveur de l’armement de l’Ukraine par l’UE contre la Russie. Le PS est au coeur des intrigues impérialistes en Ukraine. Sous la présidence de Hollande dans lequel Macron était ministre l’économie, il était à la manœuvre avec Merkel et Obama pour renverser par un coup d’état d’extrême-droite le président Ukrainien pro russe, Yanoukovitch en 2014. C’était à l’origine de la guerre sur le sol ukrainien entre l’Otan et la Russie qui menace de se transformer en guerre nucléaire.

L’émergence du NPA dans une alliance ouverte avec le PS et Mélenchon est le produit de son soutien constant, depuis sa fondation en 2009 sur la base d’un rejet explicite du trotskysme, pour toutes les aventures militaires néocoloniales de Paris et de l’OTAN. Peu après le début de la guerre Russie-Ukraine en 2022, le dirigeant pabliste Olivier Besancenot s’est rendu en Ukraine. De retour en France, il a applaudi l’armement du régime ukrainien et les sanctions contre la Russie en tant qu’une prétendue résistance antifasciste:

Nous trouvons compréhensible que les Ukrainiens réclament des armes, notamment des armes défensives qui permettent d’avoir le contrôle du ciel. Ceux et celles avec qui nous avons discuté là-bas répètent qu’ils n’entendent pas que d’autres forces que les leurs se substituent à la résistance ukrainienne. Sur la question des sanctions économiques, nous militons pour sanctionner les oligarques, mais nous sommes encore très loin du compte. En Grande-Bretagne, à Chypre, on est à un centième de ce qui pourrait être fait.

Cet argument est un tissu de mensonges qui démasque les fausses prétensions antifascistes du NPA et de tout le Nouveau Front Populaire. Le régime ukrainien n’est pas un régime démocratique ou antifasciste, mais une dictature d’extrême-droite. Le président Volodymyr Zelensky a suspendu les élections et opprime la population à travers un réseau d’agences de renseignement et de milices d’extrême-droite dirigées par des fidèles du collaborationniste ukrainien Stepan Bandera.

Face à ce flot de mensonges, une étude de l’histoire des grandes luttes au sein du mouvement trotskyste permet d’évaluer correctement la situation politique. Le Nouveau Front Populaire électoral que rejoint le NPA confirme l’importance de l’histoire des luttes au sein du mouvement trotskystes et en particulier de la lutte du Comité international de la IVe Internationale contre le pablisme pour défendre la continuité du trotskysme. Une gouffre sépare le NPA issu du révisionnisme pabliste sur l’Otan et la lutte du CIQI pour le trotskysme.

Le pablisme est né de la scission au sein de la IVe Internationale d’avec les défenseurs de la continuité du troskysme. Pablo et Mandel rejetaient la classe ouvrière comme force révolutionnaire et insistaient que le mouvement trotskyste devait se liquider chez les staliniens et les mouvements nationalistes bourgeois. Après la dissolution de l’URSS par les appareils staliniens que les pablistes soutenaient comme révolutionnaires, les pablistes se sont orientés vers l’impérialisme et le soutien à leurs guerres dont profitent les classes moyennes aisées.

L’évolution du NPA depuis sa fondation en 2009 – pendant laquelle les pablistes ont publiquement liquidé son prédécesseur, la Ligue communiste révolutionnaire – donne raison à l’analyse faite par le CIQI sur le WSWS à l’époque. En 2009, le WSWS expliquait:

L’objectif réel de la LCR en se liquidant, est en fait de liquider l’héritage politique de Trotsky, c’est-à-dire l’insistance sur l’indépendance politique complète de la classe ouvrière, l’internationalisme révolutionnaire, et une opposition indiscutable à la collaboration avec l’Etat bourgeois, les bureaucraties stalinienne et social-démocrate ainsi que toutes les variantes du nationalisme bourgeois et du radicalisme petit-bourgeois.

Le choix par la LCR de l’anticapitalisme comme guide idéologique constitue, dans le contexte politique européen et, à plus forte raison, français, un pas en arrière colossal et vers la droite, vers le plus petit dénominateur commun. Politiquement vague, ce terme englobe toutes sortes de mécontentements sociaux, indépendamment de leur base sociale ou de leur orientation. Il peut être adopté par de larges sections de la petite bourgeoisie, de droite comme de gauche — il recouvre tout ce qui se trouve entre l’anarchisme proposé par Pierre-Joseph Proudhon au milieu du dix-neuvième siècle et le violent mouvement protestataire populiste de droite de Pierre Poujade au milieu du vingtième siècle.

L’escalade vers la guerre contre la Russie provoquera une opposition de masse explosive. Le sondage du Eurasia Group confirme que 88 pour cent des Européens de l’Ouest s’opposent à une escalade contre la Russie et veulent négocier la paix. Mais ces événements sont un avertissement urgent: une lutte contre la guerre et la dictature ne peut être construite que par le bas, en mobilisant les travailleurs à la base, indépendamment des bureaucraties syndicales liées au NPA.

Cette lutte est inséparable de la lutte du trotskisme contre les politiques du stalinisme et du Front populaire. Cela nécessite avant tout la construction du Parti de l'égalité socialiste (PES), la section française du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), en tant qu'opposition trotskyste au Nouveau Front populaire. De même qu'il ne peut y avoir de socialisme sans démocratie, il n'y aura pas de démocratie sans une lutte trotskyste des travailleurs en France et à l’international pour le socialisme.

Loading