Elon Musk, homme le plus riche du monde, propriétaire de Tesla, SpaceX et de la plateforme de médias sociaux X, utilise sa fortune colossale – près de 500 milliards de dollars – pour financer et promouvoir des forces fascistes dans le monde entier.
Vendredi, Musk a soutenu le parti néonazi allemand AfD (Alternative für Deutschland) lors des élections prévues en février prochain. «Seule l'AfD peut sauver l'Allemagne», a-t-il déclaré sur X. Alice Weidel, la candidate de l'AfD à la chancellerie, a répondu avec enthousiasme: «Vous avez parfaitement raison!», ajoutant que «la socialiste [l'ancienne chancelière Angela] Merkel a ruiné notre pays» et que «l'Union européenne soviétique» détruisait l'Allemagne.
L'AfD, fondée il y a 11 ans, est un parti anti-immigrés et anti-réfugiés. Björn Höcke, chef du parti dans le Land de Thuringe, a été reconnu coupable d'utilisation de mots d’ordre nazis et, selon une décision de justice, peut être qualifié de fasciste. Höcke et d'autres membres dirigeants ont banalisé les crimes du Troisième Reich et appelé à la fin d'une culture de la «honte» vis-à-vis de l'Holocauste. En 2018, le chef de l'AfD, Alexander Gauland, a qualifié Hitler et les nazis de «simple crotte d'oiseau sur plus de mille ans d'histoire allemande réussie».
Profitant de la haine généralisée envers les partis de la classe dirigeante allemande, notamment le Parti social-démocrate (SPD) et l'Union chrétienne-démocrate (CDU), l'AfD a réalisé des gains importants ces dernières années. En septembre, il est devenu le premier parti d'extrême droite à remporter les élections d'un Land, la Thuringe, depuis la période nazie.
L'intervention de Musk dans la politique allemande fait suite à une réunion, la semaine dernière dans la résidence de Trump à Mar-a-Lago, avec Nigel Farage, le chef du parti fasciste britannique Reform UK, et le trésorier du parti Nick Candy. Selon Farage, ils ont discuté avec Musk de stratégies pour «sauver l'Occident». Les deux dirigeants du parti britannique Reform UK ont déclaré à l'issue de la réunion: «Nous avons beaucoup appris sur la façon de procéder de Trump et nous aurons en continu des discussions sur d'autres domaines.»
Une préoccupation plus immédiate pour Farage était la perspective que Musk puisse faire un don de 100 millions de livres (127 millions de dollars/120 millions d’euros) au parti, ce qui, si cela se concrétise, serait de loin le plus grand don politique réalisé au Royaume-Uni.
Parmi les autres fascistes et néo-nazis avec lesquels Musk s'est lié d'amitié, on trouve la Première ministre italienne Giorgia Meloni, que Musk a rencontrée à plusieurs reprises depuis qu'elle est arrivée au pouvoir en 2022. Le parti Frères d'Italie de Meloni tire ses origines de Mussolini.
Dans l'hémisphère occidental, Musk a défendu le président argentin d'extrême droite Javier Milei, que lui et Trump ont présenté comme un modèle pour la politique d'une deuxième administration Trump. Musk a fait l'éloge du «modèle Milei» qui vise à démanteler les services publics, la protection du travail et toutes les réglementations sur l'exploitation par les entreprises.
La promotion par Musk de l'extrême droite fasciste correspond à ses propres inclinations politiques, qui remontent à ses origines familiales dans l'Afrique du Sud de l'apartheid. En devenant le principal soutien financier et politique de Trump, Musk a adopté ce qu'il a appelé le «Dark MAGA», tout en utilisant sa propriété de X pour promouvoir systématiquement des individus et des groupes d'extrême droite et néo-nazis.
Le rôle central de Musk dans la promotion de la croissance de l'extrême droite à travers le monde souligne un point politique plus fondamental: les milliardaires sont toxiques pour la démocratie. L'oligarchie capitaliste a accumulé des richesses inimaginables aux dépens de la classe ouvrière. Les dix personnes les plus riches du monde – dont neuf Américains – détiennent aujourd'hui collectivement 2 100 milliards de dollars, somme supérieure au PIB de la plupart des pays.
Aux États-Unis, la réélection de Trump, comme l'a noté le WSWS, signifie un réalignement violent des formes politiques pour les faire correspondre à la réalité sociale. Le gouvernement qui prendra le pouvoir le 20 janvier est un gouvernement de, par et pour l'oligarchie, attaché à une politique de destruction des programmes sociaux et de vaste augmentation de l'exploitation de la classe ouvrière.
Mais les mêmes processus sont évidents dans tous les grands pays capitalistes. L'élite dirigeante capitaliste a dépensé des milliers de milliards pour renflouer les riches. Les puissances impérialistes ont lancé une nouvelle guerre mondiale, qui nécessite la subordination de l'ensemble de la société au militarisme. Le corollaire politique de cela est le virage vers le fascisme.
La croissance de l'extrême droite n'est pas due à un large soutien populaire en faveur de la dictature et d'un assaut contre les travailleurs immigrés et les réfugiés. Au contraire, les partis néo-fascistes d'extrême droite peuvent bénéficier, premièrement, du soutien d'une partie importante de l'oligarchie capitaliste et, deuxièmement, de l'absence, dans l'establishment politique d’une expression quelconque des intérêts de la grande masse de la population. Les partis dits «de gauche» réagissent à la promotion de l'extrême droite non pas en s’y opposant mais en s’y adaptant et en capitulant.
La défense des droits de la classe ouvrière nécessite de mener un assaut frontal contre la richesse et les privilèges de l'oligarchie capitaliste. Comme l'a fait remarquer David North, le président du comité de rédaction international du WSWS, vendredi dernier, «l'utilisation par Musk de sa richesse pour financer les dirigeants fascistes et leurs partis témoigne de la pertinence de la revendication soulevée par Trotsky dans le programme fondateur de la Quatrième Internationale, à savoir « l'expropriation de divers groupes de capitalistes».
«Le programme socialiste de l'expropriation, » écrit Trotsky, « c'est-à-dire du renversement politique de la bourgeoisie et de la liquidation de sa domination économique, ne doit en aucun cas nous empêcher, dans la présente période de transition, de revendiquer, lorsque l'occasion s'en offre, l'expropriation de certaines branches de l'industrie parmi les plus importantes pour l'existence nationale ou de certains groupes de la bourgeoisie parmi les plus parasitaires ».
Dans le cas de Musk, l'occasion le justifie certainement. La réponse de la classe ouvrière à Musk et à sa conspiration mondiale visant à promouvoir la dictature et le fascisme doit être la lutte pour l'expropriation de sa richesse, ainsi que de la richesse de tous les oligarques capitalistes, construite grâce à l'exploitation de millions de gens. La défense des droits démocratiques les plus élémentaires en dépend.
(Article paru en anglais le 21 décembre 2024)